Les Mercredis de Prigny

Noémie Bousquet (soprane), Pierre Arpin (Ténor) & Paul Drouet (pianiste) trois anges gardiens débarqués dans l’Eglise Saint-Pierre des Moutiers, ce mercredi 23 juillet, pour enchanter les 350 spectateurs des Mercredis de Prigny. Dans leurs bagages, quelques notes italiennes et françaises, un coffre, les bijoux de la Castafiore, le bouquet de Carmen, un piano. En une nuit, les illusionnistes créent sous nos yeux un opéra inédit faisant revivre des figures illustres de l’opéra, tantôt en solo tantôt en duo.

Le fil d’Ariane – Des personnages en quête d’amour, de liberté… ou d’eux-mêmes

Noémie Bousquet incarne des femmes libres, idéalistes ou insaisissables. Dans la lumière dorée d’une grande cité, nous avons vu des femmes rayonner. Marguerite s’émerveille devant un écrin (« Que vois-je là ? Ô Dieu, que de bijoux ! »). L’éclat des pierres la fascine, tout autant que l’idée d’une vie différente, plus brillante et pleine de promesses. Micaëla tente de ramener Don José à la raison et à ses racines maternelles (« Parle-moi de ma mère ») Par ses mots, elle rappelle à l’amant égaré l’innocence et la tendresse de la vie d’avant. Carmen chante son audace au pied des remparts de Séville suivi par Don José. Adina, malicieuse, joue avec le cœur de Nemorino « O dimmi… Chiedi all’aura » ("Demande au vent léger"). Violetta, au comble de l’émotion, s’interroge sur la possibilité d’un amour vrai (« E strano ! »). Peu après, elle affirme sa volonté : « Sempre libera ! » ("Toujours libre !"). Elle choisit la liberté, quitte à en payer le prix. Mimi, discrète, entre timidement et révèle son cœur « Sì, mi chiamano Mimi » ("Oui, on m’appelle Mimi"). Elle partage sa fragilité, espérant toucher chez l’autre le miroir de son propre idéal d’amour.

Pierre incarne des hommes enchaînés par l’amour, l’honneur ou la fatalitéDon José remet à Carmen la fleur, c’est tout son espoir qui passe. Un geste lourd de sens, promesse d’un amour absolu qui bascule peu à peu vers l’obsession. Nemorino, lui, s’abandonne à l’espoir. Seul, il chante « Una furtiva lagrima » ("Une larme furtive") espérant qu’Adina l’aime enfin, il s’accroche à la plus infime étincelle de tendresse. Alfredo s’exalte devant Violetta « De’ miei bollenti spiriti » ("Des transports brûlants de mon âme") déclarant un amour sincère, plein de ferveur et de jeunesse. Cavaradossi, dans la nuit, confie sa nostalgie « E lucevan le stelle » ("Et les étoiles brillaient"). Le souvenir d’un amour inaccessible l’accompagne jusqu’à ses derniers instants.- Lien vers le programme intégral

Rendre l’opéra accessible à tous.

Le trio Notte d’Opera a accompli sa mission. Morgane, jeune spectatrice de 17 ans, venue de Martinique rendre visite à sa grand-mère monastérienne nous a confié n’être jamais allée à l’Opéra mais avoir été sensible à ces histoires d’amour tellement proches de la réalité et portées par des voix qui savent parler à nos cœurs.

Notte d’opéra, ça chante et ça joue !

     Noémie et Pierre nous ont touchés : Noémie par l’agilité et la puissance de sa voix, par la pureté de son timbre, par la justesse de son jeu que ce soit dans l’éclat de Gounod ou l’intimité de Puccini ; Pierre par la délicatesse de son legato, par sa puissance expressive que ce soit dans l’intensité de Bizet, la fraicheur du bel canto, ou la fougue de Verdi. En duo ou en solo, ils ont alterné sincérité, humour, malice, passion et maîtrise. Paul au Piano nous a émus par son approche de la richesse harmonique, des rythmes parfois complexes, et des ornements spécifiques au répertoire romantique et lyrique, par sa sensibilité apte à traduire les nuances émotionnelles très variées du chant.

Ces trois artistes complets nous ont offert une nuit de bonheur.

Aa:), bénévole

Images - Bertrand Blanchet, bénévole.

 

Revivez quelques temps forts du concert  !  Images et montage - Bertrand Blanchet